Lieux de souvenirs, refaire
le mur :
Le mur de l’E.N., Le bistrot du Kops
Chers
camarades et amis,
Remerciements
Tout d'abord
mes remerciements à tous les présents que je vois
en pleine forme, même après 2
ans d’usure.
Mes
remerciements également à M. Le
principal qui a eu peur des fissures dans son établissement
comme je le
prédisais voici 2 ans :
« Aujourd'hui, c'est un autre monde,
notre école a été démolie
et
reconstruite sur la colline de la Grenadière; le
collège Montaigne l'a
remplacée cependant on peut déjà
constater des fissures dans le bitume des
cours et dans le béton... ce sont nos souvenirs
indestructibles qui remontent,
les parties de foot, de rugby, les matches de boxe, la construction de
fusées
avec les produits du labo de chimie, le labo photo, et le dictafil de
notre
magnifique bibliothèque a encore beaucoup de choses
à dire… »
Remerciements
au nouveau kops M. Laurent
Bresson, c'est donc le troisième rassemblement de la promo
58 62.
Le premier
a eu lieu en 1975 sur les
collines de la vallée de la Vézère,
mais les archives ont été détruites
par
l'incendie d'un congélateur, aucune trace !
Le
deuxième en 2010 à Limeuil 32
présents dans un
« site
merveilleux, à l’Ancre du Salut, au confluent de
la Vézère et de la Dordogne,
au confluent aussi de notre jeunesse et vieillesse, la
jeunesse
aujourd’hui triomphe pour notre salut ».
Le
troisième en 2012 ce jour, ici même, 31
inscrits au départ, 27 présents et nous avons la
chance d'avoir davantage de
limougeauds , J.C.Chauvier, J.P. Thomas.
Les
Excusés :
Je me dois
d'abord de vous communiquer
les excuses des absents qui ont toujours tort.
Henri
Rouzade physiquement et
mentalement empêché, nous le déplorons
pour lui et sa famille, il réagit encore
à la lecture des textes de P.Valéry que lui fait
sa femme, en février il s’est
cassé le col du fémur.
J.Louis
Léonard opéré d'un tendon au genou
suite à
une chute en allant acheter son journal en glissant de ses tongs, François
Marjary coincé par ses vertèbres, Paul
Dalbavie empêché par une petite
intervention ; Daniel Valade, René
Morisset, Alain Frelat, Michel Duché, peu
intéressés semble-t-il... à moins
qu'ils aient confondu que refaire le mur était en construire
un, entre eux et
nous ce qu'ils ont fait effectivement, mais peut-être
auront-ils changé d'avis
en 2014.
On ne peut
brûler ce que l’on a adoré.
Cette
année, nous avons la chance
d'avoir le Major et chef de classe Gérard Douarinou; l'an
passé nous fêtions
notre performance d'entrée à l'E.N. il aurait
dû porter un maillot jaune; cette
année il sera chargé de faire l'appel et de nous
donner ses impression à
l'arrivée.
Faire et
refaire le mur
Le
thème de notre rencontre
aujourd’hui : Refaire le mur (et voir les vestiges
de l’E.N.)
Cette
expression datant du début du XXe
siècle a remplacé l’ancienne expression
"sauter le mur", mais
signifie encore de nos jours "quitter un lieu sans autorisation".
Faire le
mur n'est pas un exploit 7 330
000 réponses sur Internet en particulier le mur, la nuit .
Refaire le
mur 54 ans après c'est
davantage glorieux, il n'y a plus que 5 160 000 réponses.
Je ne
m'étendrai pas sur les motivations
diverses de chacun pour de tels exploits, Jean-Bernard nous a
rappelé l'an
passé l'épisode du jeu des 1000 FRF; je vous
écouterai attentivement au cours
du repas.
La cause la
plus certaine c’était que
Pinoche notre concierge fermait la porte monumentale à
clé et il gardait cette
clé aussi monumentale avec lui.
Il faut
aussi préserver la part de rêve
dans toutes nos actions, il y avait aussi l'esprit de l'E.N.
défier les règles
en vigueur pour en inventer d'autres. On ne peut négliger,
pour une tentative
d'explication, de nos comportement, notre adolescence
bouillonnante ; on
cherchait à vaincre nos peurs, nos angoisses... tout cela
est à rapprocher de
la créativité.
Créativité
et pédagogie
« La créativité
est cette indispensable faculté qui permet de relever tous
les défis que la Vie
nous propose. Chacun de nous la possède mais peu savent
l'exploiter et la
développer ».
Il suffit
donc de nous regarder tous
dans nos divers parcours professionnels et personnels pour dire que
nous avons
tous été des créatifs et aujourd'hui
c'est toute notre fierté.
En
pédagogie en particulier, il faut
beaucoup d’imagination pour emporter
l’adhésion et convaincre les
élèves ;
pour simplifier aujourd’hui on parle d’apprenants,
sorte de machines à la merci
des didacticiens des disciplines !
A
notre époque on parlait plus de
psychopédagogie ; en 2003
c’était
désuet et aujourd’hui c’est un
élément
d’archéologie.
Documents
sur le site
Je me dois
de tous vous remercier pour
les documents envoyés que je me suis empressé de
mettre sur le site Internet
quelques uns nouveaux, ceux de Michel Geneste, de J.B. Devalette, de
Dominique
Perret et de Michel Grenier avec ses photos nous montrant
l’E.N. en train de
couler dès 1962 sous une inondation de
l’Isle !
Vous avez
vu dans les journaux le
monument à la mémoire des 86 normaliens
tués durant la guerre de 14-18 au
milieu des bois de Milhac d’Auberoche.
Il ne
faudrait pas que le thème choisi
aujourd’hui proche de l’archéologie
fasse dire à certains que nous faisons
partie des ruines de l’E.N.
Souvenirs
ou archéologie
Aujourd’hui
nous avons plus de 50 ans,
de moins, n’oubliez pas que vous avez fait rêver
plusieurs générations
d’élèves
en les amenant à la découverte du monde pour un
avenir meilleur ; ils ne
doivent pas nous décevoir en ruinant tous nos espoirs y
compris celui de l’évolution
de nos pensions, et en faisant du racisme antivieux.
Une
camarade bordelaise m’a traité
d’agitateur
de souvenirs, j’ai pris cela pour un compliment car
j’ai toujours aimé la
chimie, l’alchimie même ; je dirais
qu’il vaut mieux échanger ici et
maintenant nos souvenirs plutôt qu’à
l’occasion d’un placement forcé en
maison
de retraite.
Je vous
souhaite une bonne journée avec
de beaux rêves éveillés et encore merci
de votre présence.
Aux Berges
de l’Isle le 14 septembre
2012.
Roger Boudy
Précisions
Les pieds
sur la photo de
l’invitation sont de J.C. Chauvier, J.L.
Léonard, R. Boudy
Le
Champagne Comte de Perret, Dominique
devra nous monter ses vignes cachées.
Visite de
France Bleu Périgord…
Qu’ils
n’oublient pas la maxime de
Montaigne « La parole appartient autant à
celui qui parle qu’à celui qui
écoute »
1048 mots
Roger
Boudy a souhaité que je mette par écrit les
quelques
propos improvisés que j’ai pu tenir à
sa demande lors
de notre réunion du 13
septembre 2012.Si je ne peux en retrouver
l’exacte formulation, j’espère en
conserver l’esprit. Vous en jugerez…
Chers
camarades, chers amis,
Roger m’a
demandé d’exprimer quelques remarques
suscitées par cette rencontre.
C’est
un honneur sans doute indu
et surtout une redoutable gageure : comment exprimer
–en faisant court-
des sentiments complexes, au-delà
du plaisir
évident de nous retrouver ?
Une
première remarque concerne le
difficile rapport entre l’esprit des lieux et le poids du
temps :
attentifs aux traces laissées par la durée sur
les choses et les êtres, nous
avons cherché ce qui pouvait encore nous rappeler, avec
notre jeunesse, les
découvertes, les engagements, les amitiés
–voire plus si affinité- qui se sont
poursuivis bien au-delà de l’Ecole Normale.
De
fait, il ne reste, pour les
pierres, que bien peu de choses visibles.
« La ville change plus vite que
le cœur des
mortels » écrivait Baudelaire et il nous
a fallu compléter par des
questions, des anecdotes, le peu que l’histoire a
laissé en place.
Mais
après tout, vieillir est le
seul moyen de ne pas mourir, et c’est dans le cœur
des vivants que continue à
exister le passé que nous sommes heureux de pouvoir encore
évoquer.
Ma
deuxième remarque, liée à tout
ce qui précède est une
interrogation :
Qu’est-ce
qu’une promotion ?
Qu’a-t-elle de si fort pour nous réunir
après tout ce temps ?
Une promotion,
c’est sans doute, pour notre institution, la
manière dont se transmet
et se développe, dans le temps d’une
génération et dans l’espace
d’une région, une idéologie et un
projet de
société.
Nous
avons reçu le message,
accepté la mission et, modestement, chacun à
notre place, oeuvré de
notre mieux pour la faire vivre.
C’est
sans doute pour cela que,
séparés par la vie, nous sommes restés
proches et, aujourd’hui, désireux de
nous retrouver et de nous retourner sur le chemin parcouru.
Mais
c’est assez disserté, et je
lève mon verre à votre patience, aux grands
ancêtres qui ont permis que tout
cela existe, à nous
qui sommes présents
aujourd’hui, et au souvenir des absents –en
particulier ceux que l’existence
éprouve- et qui nous manquent.
Gérard
Douarinou
Notre promotion, la 58/62 pour ceux qui l’auraient
oublié, fut, comme de bien entendu, une promo
exceptionnelle, composée de normaliens
particulièrement doués et inventifs, ainsi
que le souligne l’épisode dont il est
question ici.
Il y a deux ans, j’avais évoqué
oralement cette anecdote, juste pour faire revivre un peu les
« bons moments d’autrefois ». Roger Boudy
me tanne (très amicalement) pour que je couche par
écrit ce que je m’étais
hasardé à raconter…
Piètre scripteur, ni journaliste, ni historien je sollicite
de chacun, une indulgence totale pour les approximations, les
incertitudes, les imprécisions que ce petit texte
comportera, inévitablement…
Nous étions tous issus, de milieux divers mais modestes, et
notre argent de poche était rare, distribué
parcimonieusement par nos familles.
Aussi, au cours de notre deuxième année
à l’Ecole Normale, lorsque le fameux
« Jeu des mille francs »
s’annonça sur notre bonne ville, je ne sais plus
lequel d’entre nous eut le premier cette
idée originale: intelligents, cultivés et
instruits comme nous l’étions (le Père
Besse ne se lamentait-il pas de la « qualité
» de cette « élite de la France !!
»), nul doute que nous remporterions la cagnotte haut la main
et sans coup férir !
De même que Perrette, les projets fleurirent et
s’amoncelèrent, annonçant des
lendemains de richesses et de plaisirs…
Mais encore fallait-il s’approprier la fameuse enveloppe
qualifiante, que l’équipe de Lucien Jeunesse
allait cacher dans notre bonne ville… nous étions
suspendus à la TSF qui allait donner les indices…
Le poste nous informa que l’enveloppe se trouverait
cachée dans un endroit de la ville où
l’on aurait « un poil dans la main ».
Est-ce la formulation exacte ? Ma mémoire quelque peu
défaillante, un bon demi-siècle plus tard
m’en assure, mais elle me joue de plus en plus de tours
depuis que j’ai attaqué gaillardement ma
septième décennie, que je ne saurais en jurer,
toujours est-il que cette information nous fit immédiatement
penser que l’enveloppe serait déposée
nuitamment aux abords du « Pont des Feignants »
près de la gare, unanimité du pronostic,
unanimité de la décision : nous allions gagner
les 1000 Francs !
Notre esprit de promotion, développé par la dure
vie de l’internat, affuté par les prestations de
nos glorieux enseignants(petit souvenir rapide et affectueux
à Mrs Couchot, Besse, Berthelot, Bironneau, Tresseau,
Albe… sans oublier bien sûr Mme
Chaumeil…), nous amena à concocter une
stratégie absolument efficace pour que l’enveloppe
nous revienne, avec, avouons-le aujourd’hui, la
complicité passive mais bienveillante de notre surveillant
d’internat.
Nous allions tout simplement organiser toute la nuit, des «
rondes permanente » aux abords du « Pont des
Feignants ».
Notre jeunesse, notre vigilance, notre
persévérance sauraient bien venir à
bout d’une petite équipe parisienne venant
camoufler, maladroitement et sans discrétion, du moins
n’en doutions-nous pas, un objet devant se repérer
facilement, selon nos supputations …
Aussi, esprit pratique avant tout, nos organisâmes avec
minutie toute la logistique de cette opération... Liste des
patrouilleurs, par équipe de deux, mise en place
d’une échelle pour faire le mur, affichage
d’un tableau de roulement des équipes sur la porte
du dortoir…
Afin de gagner du temps et de l’efficacité, nous
décidâmes que nous enfilerions un
imperméable et un pantalon «
collectifs», qui serviraient à tour de
rôle, juste enfilés sur un pyjama. Il
n’est pas sans intérêt de rappeler que
tous nos vêtements étaient «
marqués » à nos noms respectifs. Ce fut
Louis qui fournit le pantalon et Hector
l’imperméable. (Oui, je sais qu’il
n’y eut aucun Louis et pas plus d’Hector dans la
promo, mais ma mémoire… voir ci-dessus)
Chaque patrouille devait durer une heure, et nous avions
envisagé une rotation efficace, la seconde équipe
partant une demi-heure après la première, afin
que nul instant ne faiblisse une surveillance vigilante dont
l’efficacité serait gage d’une
réussite certaine.
Dès que la nuit fut là, les premiers
éclaireurs partirent, suivis bientôt par la
seconde équipe… je ne sais plus qui
d’entre nous était chargé du timing
indispensable…
Au début les choses se passèrent fort bien,
conformément à notre projet...Les
premières rotations s’articulèrent sans
heurt. La réussite et la richesse nous guettait, sans aucun
doute, le dortoir s’endormit sur des rêves de
gloire à venir.
Chaque « rentrant » réveillait
discrètement le « partant », suivant le
tableau de service, ils échangeaient rapidement
imperméable et pantalon, et la nouvelle équipe
s’enfonçait dans la nuit alors que les retours
regagnaient leur lit, mission accomplie.
Cependant aux alentours de trois heures du matin, les choses
clochèrent… la patrouille
n’était pas rentrée et bien
au-delà de l’heure prévue.
L’inquiétude gagna les rangs, le dortoir entier
fut discrètement réveillé, les
hypothèses les plus angoissantes furent émises et
rejetées. Celle qui domina le plus, fut que nos camarades
étaient tombés, par hasard, ( ?)sur une ou
plusieurs demoiselles, chercheuses d’enveloppe
également, et que nos lascars avaient
préféré poursuivre la surveillance en
charmante compagnie. Chacun retourna se coucher, l’esprit
rassuré, sans se douter du drame atroce qui était
en train de se dérouler à l’autre bout
de la ville.
Car, hélas, au petit matin, il fallut
déchanter…
Des habitants du quartier de la Gare, inquiets de voir des jeunes gens
mal fringués, roder longuement dans le quartier, avaient
tout simplement prévenu la
maréchaussée, laquelle avait embarqué
nos vaillants éclaireurs, manu militari, au poste de police
le plus proche…
Pas de papiers à montrer, des identités non
confirmées par les marques nominales dissemblables des
vêtements, des explications aussi fumeuses que
confuses… il fut alors fait appel aux plus hautes
autorités de l’Ecole Normale, pour venir
éventuellement récupérer, de
soi-disant
futurs enseignants…
Adieu veau, vache, cochon, couvée… notre
rêve de richesse s’écroula
d’un coup…
Le réveil fut d’autant plus amer, que la fameuse
enveloppe ne fut jamais au « Pont des Feignants »,
mais quelque part, rue Barbacane (le poil dans la main !!!).
… et que, collectivement, nous aurions répondu
à toutes les questions de Lucien Jeunesse…
Jean
Bernard Devalette écrit en 2012
prononcé en 2010 à Limeuil.
Après la
publication de Jean-Bernard , quelques précisions
à propos de nos exploits nocturnes, tels qu'ils restent
encore ''imprimés'' dans ma mémoire/
L'affaire avait été bien
préparée, tout d'abord la résolution
de l'énigme n'avait pas posé beaucoup de
problèmes, il fallait « Trouver la moustache de
Nino Nardini
cachée dans un lieu où les poils sont assez longs
pour aider à la marche »
La morale prétend que les grands fainéants ont un
poil dans la main si long qu'il leur servirait de canne, le mot de
« fainéant » s'imposait ; une
étude du plan de Périgueux nous
désigna bientôt le Pont des fainéants
franchissant les voies de chemin de fer au sud de la gare, le
mystère était levé.
La ''moustache '' devant être cachée , c'est la
nuit précédant le spectacle du Cirque Pinder que
les concepteurs du jeu des Mille Francs devaient poser l'objet sans
attirer l'attention.
Forts de toutes ces données, certains d'aboutir nous avons ,
par sécurité, mis Destruel, notre surveillant de
dortoir, dans la confidence afin qu'il n'aille pas
déclencher une alerte nocturne suite à nos
absences injustifiées. Sans aucun doute de trouver et de
nous présenter sur la piste avec l'indice pileux nous avions
assuré notre victoire aux différentes
difficultés du questionnaire progressif en nous alliant avec
Mr Couchaud. Toute notre confiance avait été
placée en notre brillant professeur d'histoire
-géo , très content de s'engager à
répondre pour nous lors du spectacle.
Mon tour de guet arriva à trois heures du matin, en
équipe avec Chauvier, habillage à la lampe de
poche, chaussures souples,survêtement bleu nuit (nous en
avions tous un, obligatoirement) couleur idéale pour une
veille discrète, foulard et blouson chaud. Descente
silencieuse des deux étages, passage au placards
à chaussures, sortie en arrière
côté WC, escalade du mur et saut dans la rue
parallèle à l'Isle. Pont des Barris, le Greffe,
St Front, direction l'église de la Cité, passage
au long du château Barrière nous voilà
au poste de guet. Je traverse le pont et, avisant un camion en
stationnement sur la gauche je me poste, accroupi dans le passage de
roue à l'arrière, au bord du trottoir. Sous la
lumière des lampadaires rien, pas un piéton
à cette heure là, pas une auto, et pas non plus
d'agent secret du Cirque venu cacher les poils de Nino ! etEt soudain,
venant de la gare de marchandises deux petites lumières
approchent en sinuant doucement....quelque chose roule vers moi...deux
lampes à moins d'un mètre de
hauteur...ça y est, c'est deux bicyclettes....elles sont
à trente mètres,les silhouettes ont des
pèlerines et des képis.
Ils m'ont vu, mettent pied à terre :
« Vous là bas, Sortez de là !!
»
« Que faites vous là...en pleine nuit ? »
« Messieurs les agents, nous faisons le jeux des Mille Francs
, nous guettons les gens du Cirque qui vont Cacher un objet.......
»
« Qui êtes vous ? Vous êtes
tout seul»
« On est de l'Ecole Normale »
c'est alors que l'ami Chauvier m'a rejoint
« Il est où votre surveillant ? »
« On a pas de surveillant. On a fait le mur..... »
« Bien , vous allez nous suivre au poste de
gendarmerie, vous allez nous expliquer tout ça....
»
Et c'est ainsi que nous fûmes poussés vers le
poste, dans la cité administrative, encadrés de
près par les deux hirondelles. Arrivés dans le
commissariat nous avons dû raconter à nouveau
notre histoire à tous les agents présents,
décliner nos noms sans pouvoir les garantir avec une carte
d'identité et à présent je me demande
si nous n'étions pas trois à répondre
avec un profil très bas. Après avoir entendu l'un
deux nous dire :
« Ah !! vous la foutez bien mal pour de futurs
éducateurs... » Ils nous ont faussement
interrogé surla suite à donner à notre
fugue ? Pour notre défense j'ai plaidé qu'il
serait catastrophique que nous repassions la porte de L'E.N. demain
matin, entre deux gendarmes..........que nos avenirs d'instituteurs
étaient entre leurs mains.........et que nous n'avions rien
pris, rien dégradé..
Ils nous ont laissé moisir un peu... et ne nous ont rien dit
, ni rien promis avant de nous enjoindre à regagner
prudemment nos pénates sans autre forme de procès
et sans escorte.
Le retour fut rapide et arrivés au deuxième je
pense que nous avons eu du mal à trouver le sommeil.
Il est vraisemblable que la maréchaussée
rencontra notre Directeur le jour même pour
vérifier notre retour à des études
plus conventionnelles mais nous n’eûmes aucune
nouvelles , aucune sanction et notre fugue n'a jamais fait l'objet
d'aucune publication...
Pour la morale de cette Histoire, disons que nous aurions dû
mieux étudier la carte des voies de la ville, ce qui nous
aurait fait découvrir la Rue Barbecane où fut
trouvée « La moustache de Nino Nardini »
ouvrant la porte au jeu de mille francs que nous ne gagnâmes
jamais.
Dominique Perret
NB:le webmaster faisait partie de cette
équipée et je me souviens de l'extrême
franchise de Dominique qui a mis en confiance nos interrogateurs! Le
surveillant était un parigot dont j'ai oublié le
nom!
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